Acting
de Xavier Duringer
08/02 > 25/02
Dans une cellule de prison, Robert, acteur et metteur en scène condamné pour meurtre, rejoint Gepetto, un petit escroc, et Horace, son mystérieux codétenu muet et insomniaque…
Les liens se nouent entre Robert et Gepetto autour du métier d’acteur. Mais les deux détenus ne lui donnent pas la même définition : Gepetto ne pense qu’au star system ; Robert, lui, invoque Shakespeare, Stanislavski et l’art de l’acteur. Pourtant ce dernier va enseigner la comédie au premier ; dans cette cellule qui se transforme peu à peu en scène de théâtre, le maître pousse l’élève dans ses ultimes retranchements, au cœur des secrets du métier, et tente ce pari fou : faire de lui le plus grand acteur au monde.
Avec sa langue toujours percutante, canaille, populaire, scabreuse, Durringer revient au texte par une mise en abyme de cet art qui ne finit pas de fasciner, le théâtre.
La prison entremêle les condamnés sans réfléchir. Ainsi peut-elle mettre dans une même cellule un champion des fausses factures, un metteur en scène qui a commis un meurtre et un cuisinier. En taule, on ne peut pas rester entre gens de son milieu ! C’est ce qui plaît à Xavier Durringer.
Nous voilà donc dans une geôle où les lits et les vies se superposent. Deux hommes sont là qui accueillent un nouveau venu, et ce n’est pas vraiment très chaleureux. On se regarde en chiens de faïence. Les deux taulards déjà en place ne sont pas des gens raffinés, ils pensent bouffe et télé avant tout. Celui qui arrive a fait carrière dans le théâtre ; il n’a que le défaut d’avoir tué quelqu’un, ce qui n’enlève rien à la classe qu’il aime afficher avec un brin de distanciation. Le prisonnier qui s’adonne à la cuisine ne parle pas ; ça ne l’intéresse pas. Celui qui fait dans la carambouille ne reste pas muet, lui. Un artiste de théâtre à côté de lui, c’est troublant. S’il lui demandait de lui apprendre l’art de jouer, de faire de lui un comédien ! Réticent d’abord, le metteur en scène emprisonné se décide. Il va tenter de faire de ce petit truand le plus grand acteur de tous les temps, en lui faisant travailler le rôle d’Hamlet. Ce ne sera pas simple avec des tempéraments et des histoires diamétralement opposés. Mais c’est parti : Robert le sombre théâtreux s’applique à métamorphoser Gepetto le joyeux truqueur de chiffres. Chacun a beaucoup à apporter à l’autre, sous le regard du copain muet, mais, en tôle, tous les jeux sont dangereux.
La pièce respire l’humanité, l’art de se comprendre jusque dans les querelles. Mais c’est surtout un texte sur le théâtre. Comment transmettre ? Comment apprendre ? Comment dépasser les inhibitions du maître et celle de l’élève ? Durringer parvient à faire de ces questions artistiques, parfois abstraites ou difficiles, tout un bouquet de situations et de répliques comiques.
Durringer nous conte sans doute son histoire avec le théâtre : il n’était pas taulard, bien sûr, mais, au temps où il était un jeune chien fou, il a certainement appris d’un Maître la rigueur et la grandeur de l’art dramatique de cette manière qui tient du rodéo. On peut certainement lire cette pièce comme une comédie nourrie d’éléments autobiographiques, à travers laquelle l’écrivain ayant atteint sa maturité donne, sous le couvert du rire, sa leçon de théâtre et de vie.
Avec
Bernard Sens, Gauthier Bourgois & Alexis Goslain
Mise en scène
Alexis Goslain
VOIX OFF (Gardien)
Philippe Résimont
Costumes
Maria Spada
Montage sonore
Laurent Beumier
Scénographie
Michel Suppes
Production
Le Royal Festival de Spa, Le Théâtre Jardin Passion & So Once Upon A Time asbl (SO OUAT)
Durée
1h25
Age
A partir de 15 ans